Blond, solidement planté, mais alerte, le regard vif, avide d'action, Pierre Klein n'est au lycée qu'un jeune homme bien doué, sérieux, régulier à la tâche et qui a su sauvegarder (ce n'est déjà pas si commun) un harmonieux équilibre entre le stade et l'étude. A la guerre, la force souveraine de sa jeunesse et de son enthousiasme imposeront l'image d'un jeune chevalier des " Chansons de geste " qui aurait troqué le palefroi pour le char de combat.

Il n'a pas encore dix-neuf ans, il est encore assis sur les bancs de notre lycée lorsqu'il s'engage au 6e régiment de chasseurs d'Afrique. Avec cette glorieuse unité, il participe à la campagne de France où malgré son jeune âge, il se distingue par sa bravoure et son intelligence. Une première citation en date du 2 janvier 1945 vient reconnaître ses mérites :

" Gradé courageux et dévoué. Tireur du char "Doubs" Le 25 novembre 1944, par ses feux efficaces, détruit de nombreux éléments ennemis dans la vallée des Obersbrückrembach, permettant à la patrouille de reconnaissance d'atteindre ce dernier village. A largement contribué à chasser par le feu un ennemi particulièrement mordant ".

Puis avec une foi grandissante, il continue de participer " à cette nouvelle marche de la France dans l'histoire du monde " comme il l'écrit lui-même. Avec la valeureuse 5e division blindée, il entre dans le pays ennemi. Il ne devait pas avoir la joie de connaître le jour de la victoire. Quelques semaines auparavant, le 25 mars 1945, en plein Palatinat, il est mortellement blessé dans son char.

Le corps de ce jeune héros qui avait à peine 19 ans repose dans le cimetière militaire de Strasbourg. Une citation à titre posthume, portant attribution de la Médaille militaire et de la Croix de guerre avec palme, a rappelé dans des termes d'une sobre éloquence, comment mourut ce fils de France, adopté par le Maroc .