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Guyard Jean

 

Une guerre continue de tuer après le " Cessez-le-feu ". Cette douloureuse vérité, c'est un devoir essentiel du souvenir que de ne jamais la laisser s'atténuer dans nos esprits enclins à l'inattention. Atteint dans sa vitalité par les épreuves du service et des campagnes, Jean Guyard disparut au moment où les siens pouvaient le croire sauvé. A ce malheur illogique et d'autant plus profond vint s'ajouter pour M. et Mme Guyard la perte de leur deuxième enfant, une jeune fille qui n'a laissé, elle aussi, de son côté, au lycée féminin de Rabat que les souvenirs les plus charmants. Devant un aussi lourd tribut, une même ferveur déférente saisit le cœur.

Né au Maroç, à Ouezzane, en 1921, Jean Guyard fit ses études complètes au lycée Gouraud. Après avoir remporté, outre ses baccalauréats, un premier prix de mathématiques élémentaires, ce jeune homme, éminemment doué, prépara Polytechnique, dans les classes spéciales du lycée de Casablanca, jusqu'en décembre 1942. A tous ceux qui l'ont connu dans le monde scolaire, il laisse le souvenir d'une rectitude intransigeante de caractère, et d'une haute indépendance d'esprit, que tempérait un solide goût du travail et de l'effort. Et ce " matheux " était aussi un sensible. Très affectueux dans l'intimité, il aimait son vieux lycée Gouraud et tenait fidèlement à s'y retremper par une amicale visite, à chacun de ses passages à Rabat.

Mobilisé au 6e R.T.M. une première maladie l'écarte une première fois du grade d'aspirant. Passé au 8e tirailleurs marocains, il accepte sans amertume, lui qui a l'étoffe et la culture d'un chef, de faire toute la campagne d'Italie comme simple caporal mitrailleur. Sur le Garigliano il obtient la belle citation suivante :

" Jeune chef de groupe de mitrailleuses. Très intelligent et courageux. A rempli avec un dévouement digne de tous éloges dans des conditions particulièrement difficiles et pénibles, les fonctions de sous-officier de liaison au bataillon. Toujours sur la brèche a largement contribué à la bonne marche de son unité ".

Tenant à rester au même poste, Jean Guyard refuse alors son galon d'aspirant. C'est comme caporal et sergent qu'il prend part au débarquement de Saint-Tropez et à toute la campagne de France jusqu'au Rhin où son régiment est dissous à la fin de 1944.

Enfin promu aspirant après un nouveau stage, il sollicite son affectation à un régiment stationné dans la banlieue parisienne, afin de pouvoir travailler en attendant sa démobilisation. En effet, la guerre l'avait étonnamment mûri. Il voulait redoubler de sérieux, utiliser à fond tous les instants. Hélas ! affecté au 42e R.I., l'aspirant Guyard succombe à une deuxième maladie, à l'hôpital de Saint-Mandé, le 3 août 1945.