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CASPAR ROGER

 

 

« Chef splendide, mort en héros »

Roger Caspar est né à Paris le 29 juin 1912. Fils d'officier, il suit d'abord les cours du Prytanée militaire de la Flèche, où il se révèle déjà tel qu'il sera dans toute sa vie : cœur chaud et tête froide. En 1939 il entre au lycée Gouraud et termine ses études secondaires en 1931 avec le titre de bachelier en philosophie.

Ce futur candidat à Saint-Cyr se prépare aux grandeurs et aux servitudes du métier militaire, en entrant dans la classe de Première supérieure du lycée Gouraud. Et sans doute sacrifie-t-on sa vie de meilleur cœur pour une civilisation dont on connaît mieux les charmes secrets. Mais ce n'est là pour lui qu'une étape. La tradition familiale, la vocation personnelle l'appellent dans la voie où l'attend son destin héroïque. Le voici à Besançon, en « corniche ». Admissible en 1934, il pourrait se représenter avec les plus grandes chances de succès, mais il a hâte d'agir. Il s'engage donc dans un de nos plus fameux et plus durs régiments de l'est : le 152e R.I. à Colmar. Il se plie à la vie rude, aux besognes ingrates du soldat, comme il s'était exercé aux subtiles discussions littéraires. Sa valeur est si évidente qu'on ne tarde pas à lui confier des responsabilités de chef.

Il est nommé en octobre 1936 sous-lieutenant au 60e R.I. puis lieutenant deux ans après.

La guerre éclate. Pour lui comme pour tant d'autres, c'est une déception. Le sort lui refuse l'occasion de mesurer ses forces et la France semble s'écrouler dans une irréparable catastrophe. Mais il n'est pas de ceux qui perdent courage. Il court après ce destin qui se dérobe. L'armée d'Afrique reprend la lutte ; il n'y peut tenir, il faut qu'il rejoigne ceux qui se battent. Il laisse une femme, trois jeunes enfants tendrement aimés, et il part, franchit les Pyrénées, subit trois mois d'internement humiliant dans les geôles d'Espagne pour arriver enfin au Maroc. Encore des mois de patience avant d'entrer dans la lutte. Enfin, il est envoyé avec des renforts en Italie. Là encore il faut ronger son frein dans un C.I.A. près de Naples. Il est, à force d'insistance, affecté au 4e R.T.T., ce régiment illustre entre tous par les farouches combats du Belvédère. Cette fois il a trouvé ce destin qu'il a tant cherché. Ses chefs n'hésitent pas à lui confier une compagnie. Avec quel allant ne l'entraîne-t-il pas à travers cette Toscane où tout rit aux regards éblouis des Français : le soleil, les villes d'art, la victoire. Et c'est en pleine ivresse de gloire qu'il va tomber à la tête de ses hommes, au cours d'une furieuse attaque. Laissons la parole à ses chefs qui l'ont proposé pour la Légion d'honneur et cité à l'Ordre de l'Armée avec le motif suivant :

« Caspar Roger, lieutenant au 4e R.T.T., officier d'un calme impressionnant et d'un courage tout à fait exceptionnel.

A la tête de sa compagnie, a mené sans répit depuis le 19 juin 1944, des attaques incessantes qui eurent pour effet de conduire le bataillon à Sienne en moins de deux semaines.

Est tombé glorieusement avec tous ses cadres le 2 juillet 1944, pendant l'attaque de la ferme Monsindoli, dont la position était d'une extrême importance pour la suite des opérations. Chef splendide, mort en héros ».